« La photographie acquiert un peu de la dignité qui lui manque, quand elle cesse d’être une reproduction du réel et nous montre des choses qui n’existent plus. »
Marcel Proust, A l’Ombre des jeunes filles en fleurs
Ce projet est un instantané d’hier et de demain. Une photographie de ce qui n’est plus, de ce qui n’est pas encore.
Durant chaque chantier Paris et la perception que nous en avons changent. Chaque destruction blanchit les pages de notre histoire. Les tâches blanches sont les traces temporaires de ces changements et de l’absence qu’ils occasionnent. Elles sont un guide de lecture de la ville et son histoire.
Certains de ces lieux sont longtemps restés inutilisés, oubliés, indéterminés. Leur légitimité ayant disparu en même temps que leurs occupants. D’autres au contraire ont été sacrifiés subitement, vidés hâtivement pour faire place à de nouveaux usages, de nouveaux souvenirs.
Mais tous ont en commun une chose, ils ont subit le plus rapide des vandalismes : le vandalisme institutionnel. Les faisant disparaître soudainement avec leur ruines, leurs mémoires, leurs temps pour faire place à de nouveaux morceaux de ville.
Il faudra des années pour que l’incertitude, l’imprévisibilité programmatique et la vie ne reviennent et transforment ces laboratoires urbains et architecturaux en quartiers humains.
Les tâches blanches révèlent un syndrome qui atteint la ville. Ces destructions voulues, ciblées, institutionnellement approuvées, aussi brutales que brèves, sont le résultat d’un processus dont seul l’homme à le secret. Ces destructions sont une démonstration de force, la volonté, sans doute vaine, de prouver notre apparent pouvoir sur le temps, la matière, et l’imprévisibilité de l’usage.
Les tâches blanches sont angoissantes car incertaines. Elles sont un vide de sens et de temps. Ces lieux ne sont plus. Ces lieux ne sont pas encore.
Ce projet retrace quelques changements, passés ou en devenir, de Paris et ses alentours éternellement remaniés, bouleversés, effacés et réécrits.
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